Wisława Szymborska

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Wisława Szymborska
Description de l'image Szymborska 2011 (1).jpg.
Nom de naissance Maria Wisława Anna Szymborska
Alias
Wisława Szymborska
Naissance
Prowent (pl) (Grande-Pologne)
Décès (à 88 ans)
Cracovie (Pologne)
Nationalité Drapeau de la Pologne Pologne
Profession
Distinctions

Wisława Szymborska (Maria Wisława Anna Szymborska), née le dans le village de Prowent (pl), voisin de Bnin (pl) aujourd'hui dans la commune de Kórnik à moins de 25 km au sud-est de Poznań et morte le à Cracovie en Pologne[1], est une poétesse polonaise. Elle a reçu le prix Nobel de littérature en 1996.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1931, sa famille déménage de Toruń à Cracovie alors qu'elle a 8 ans. À Cracovie, Szymborska fréquente un collège d'élite, tenu par des Ursulines et fermé par les Nazis dès 1939, de sorte qu'elle passe le baccalauréat dans la clandestinité[2]. Elle commence en 1945 des études de langue et de littérature polonaises avant de s’orienter vers la sociologie à l'Université Jagellonne de Cracovie[3]. Elle s’y implique bientôt dans les cercles de créations littéraires locaux. Elle rencontre Czesław Miłosz et subit son influence. En mars 1945, elle publie son premier poème Szukam słowa (Je cherche des mots) dans le quotidien Dziennik Polski. Ses poèmes continuent à être publiés dans divers journaux et périodiques pendant un certain nombre d'années[3],[4]. En 1948, ses mauvaises conditions financières la contraignent à abandonner ses études sans avoir obtenu de diplôme. La même année, elle épouse le poète Adam Włodek (pl), dont elle divorce en 1954 (ils conservent cependant des relations étroites jusqu'à la mort de Włodek en 1986)[3]. Le couple n'a pas d'enfants. À l'époque, elle travaille comme secrétaire pour un magazine d'éducation bimensuelle et comme illustratrice[5].

Son premier livre aurait dû être publié en 1949, mais ne passe pas le cap de la censure car il « ne répond pas aux exigences socialistes ». Au début de sa carrière, cependant, et comme beaucoup d'autres intellectuels dans la Pologne de l'après-guerre, elle adhère à l'idéologie officielle de la République populaire de Pologne, allant jusqu'à signer le une pétition politique honteuse qui condamne des prêtres polonais accusés de trahison (en) dans un simulacre de procès . Ses premières œuvres soutiennent également les thèmes socialistes, comme on le voit dans sa collection qui date de ses débuts Dłatego żyjemy (C'est ce pour quoi nous vivons), qui contient les poèmes Lénine et Młodzieży budującej Nową Hutę (Pour la jeunesse qui construit Nowa Huta), au sujet de la construction d'une ville industrielle conforme aux idées staliniennes près de Cracovie[3].

Membre du parti ouvrier unifié polonais (communiste) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Wisława Szymborska s'en éloigne au cours des années 1950 en fréquentant certains milieux dissidents comme ceux de la revue Kultura, éditée à Paris. Elle quitte finalement le parti en 1966. Si ses deux premiers recueils sont d'inspiration communiste, les suivants sont plus personnels. Elle rejette a posteriori ses textes de jeunesse trop assujettis, selon elle, aux impératifs du réalisme socialiste. Dans Wołanie do Yeti (L’Appel au yéti, 1957), elle compare Staline à l'abominable homme des neiges[6]. Ses ouvrages à venir : Sól (Sel, 1962), Sto pociech (Mille Consolations, 1967), Poezje (Poèmes, 1970) et Tarsjusz i inne wiersze (Tarsus et autres poèmes, 1976) montrent l'étendue de son registre, mêlant des considérations philosophiques à un humour raffiné dans l'évocation détaillée et lucide du quotidien[6]. Szymborska se veut respectueuse d'une tradition classique européenne, préférant des vers harmonieux et mesurés aux excès de langage[5]. Le recueil considéré comme son chef-d'œuvre est Wszelki wypadek (Le Cas où), paru en 1972, qui entraîne la consécration littéraire dans son pays. Chacun des recueils rencontre, par la suite, le même écho[5].

En dehors de la Pologne, son œuvre est particulièrement connue et appréciée en Allemagne. Elle a par ailleurs traduit en polonais plusieurs ouvrages français de l'époque baroque, en particulier des extraits d'Agrippa d'Aubigné et de Théophile de Viau.

Sa poésie privilégie la parcimonie et la modestie aux grandes sommes expressives[5]. Dans ses compositions, rétives aux débordements avant-gardistes, l'interrogation efface l'affirmation[5]. Les citations, les maximes et les élans lyriques sont systématiquement remis en question par une forme très personnelle d'ironie[2]. Ses vers expriment la haine, la bêtise, le terrorisme et la torture dans la description d'un monde composé d'horreurs et de souffrances, sur un ton où l'humour et l'élégie s'entremêlent[2]. Cette poésie, qui mêle, dureté, émotion et distance, souhaite éveiller le désir pour faire renaître une foi forte, aveugle et sans dogmes. L'engagement fait de la conscience une valeur de référence[2]. La simplicité apparente du langage dissimule une infinité de lectures possibles et formule un perpétuel questionnement sur le rapport de l'homme à l'existence, la nature, l'animalité et l'universalité[2]. Le banal et le familier finissent par devenir insolites, voire extraordinaires car Szymborska considère la réalité quotidienne comme univers à décrire, à distordre et à transcender[2]. Elle tente d'aiguiser, chez son lecteur, un regard singulier sur le microcosme, le macrocosme et l'éventualité d'un ailleurs[2].

En 1996, la poétesse est couronnée du prix Nobel de littérature, décerné selon la motivation exprimée par l'Académie suédoise, « pour une poésie qui, avec une précision ironique, permet au contexte historique et biologique de se manifester en fragments de vérité humaine. ». Cette reconnaissance permet de mettre en lumière, sur le plan international, une œuvre poétique relativement méconnue en dehors de la scène germano-polonaise[6].

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Poésie[modifier | modifier le code]

Neuf recueils sont parus entre 1952 et 1993, avant l'obtention du prix Nobel :

  • Pourquoi nous vivons (1952)
  • Questions à soi-même (1954)
  • L'Appel au Yéti (1957)
  • Sel (1962)
  • Cent consolations ou Cent blagues, traduction de Sto pociech (1967)
  • Le Cas où (1972)
  • Un grand nombre (1976)
  • Les Gens sur le pont (1986)
  • Fin et Début (1993)

D'autres recueils suivent après le Nobel, notamment :

Plusieurs recueils de ses œuvres en polonais, en allemand et en anglais ont été publiés.

En français[modifier | modifier le code]

  • En français, la Maison de la poésie Nord-Pas-de-Calais a publié le recueil bilingue Dans le fleuve d'Héraclite avec une traduction du polonais en français de Christophe Jeżewski et Isabelle Macor-Filarska[7]. Par la suite, un choix de ses poèmes a été publié sous le titre De la mort sans exagérer[8] (Fayard, 1996)[9],[10], dans une traduction de Piotr Kamiński : sept des recueils de l'écrivain, s'échelonnant de 1962 à 1993, y sont représentés.
  • Est disponible actuellement (2012) le volume intitulé Je ne sais quelles gens (1997)[11] incluant le discours prononcé devant l'Académie Nobel et des extraits de Sel (Sól) - 1962, L'Appel au Yeti (Wołanie do Yeti) - 1957, Cent blagues (Sto pociech) - 1967, Le Cas où (Wszelki wypadek) - 1972, Un Grand Nombre (Wielka liczba) - 1976, Les Gens sur le pont (Ludzie na moście) - 1986, La Fin et le Commencement (Koniec i początek) - 1993, Vue avec un grain de sable (Widok z ziarnkiem piasku) - 1996.
  • De la mort sans exagérer (Poèmes 1957-2009), Poésie/Gallimard, .

Annexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Décès de la poétesse Wisława Szymborska », figaro.fr, consulté le .
  2. a b c d e f et g Wisława Szymborska sur le site de l'encyclopédie Larousse, consulté le 03 juin 2014.
  3. a b c et d « Décès de la poétesse polonaise Wislawa Szymborska, prix Nobel de Littérature » dans France24 du 1er février 2012.
  4. https://www.bbc.co.uk/news/world-europe-16847327 « Poland Nobel poetry laureate Wislawa Szymborska dies »], in BBC News Europe du .
  5. a b c d et e Wisława Szymborska sur le site de l'encyclopædia Universalis, consulté le .
  6. a b et c Article Encarta sur Wisława Szymborska
  7. http://www.beskid.com/szymborska.html
  8. De la mort sans exagérer, traduction de Piotr Kamiński, Fayard, 1996 (ISBN 978-2-213-59853-6)
  9. http://jacbayle.perso.neuf.fr/livres/Utopie/Szymborska.html
  10. « De la mort sans exagérer - Wislawa Szymborska » [livre], sur Babelio (consulté le 19 octobre 2020).
  11. Je ne sais quelles gens, traduction de Piotr Kamiński, Fayard, 1997 (ISBN 978-2-213-59907-6)

Bibliographie - Médias[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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