Frederik de Klerk

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Frederik de Klerk
Illustration.
Frederik de Klerk, en 1990.
Fonctions
Vice-président de la République d'Afrique du Sud

(2 ans, 1 mois et 20 jours)
Avec Thabo Mbeki
Président Nelson Mandela
Prédécesseur Alwyn Schlebusch (Vice-président de l’État, indirectement)
Successeur Thabo Mbeki
(seul VP)
Président de l'État de la République d'Afrique du Sud

(4 ans, 8 mois et 25 jours)
Prédécesseur Pieter Willem Botha
Successeur Nelson Mandela (président de la République)
Biographie
Nom de naissance Frédérik Willem De Klerk
Date de naissance (85 ans)
Lieu de naissance Johannesbourg (Afrique du Sud)
Nationalité sud-africaine
Parti politique Parti national
Père Jan de Klerk
Mère Hendrina Cornelia de Klerk
Conjoint Marike Willemse
(1959-1998)
Elita Georgiades
(depuis 1998)
Enfants Jan, Willem et Susan
Diplômé de Université de Potchefstroom
Profession Avocat
Religion Calvinisme
Résidence Pretoria

Frederik de Klerk
Président de l'État de la République d'Afrique du Sud
Vice-présidents de la
République d'Afrique du Sud

Prix Nobel de la paix 1993

Frederik Willem de Klerk, né le à Johannesbourg en Afrique du Sud[1], est un avocat, un homme d'État et un chef d'État sud-africain. Membre du Parti national, député (1972-1997), ministre sur différents portefeuilles (1978-1989), il fut le dernier président blanc d'Afrique du Sud durant la période de l'Apartheid et le dernier à porter le titre de président de l'État de la République d'Afrique du Sud (1989-1994). À cette fonction, il mena les réformes qui mirent fin à la politique d'apartheid en 1991 et les négociations constitutionnelles avec le Congrès national africain de Nelson Mandela qui aboutirent au premier gouvernement multiracial du pays. Chef du Parti national (1989-1997), il continue sa carrière politique comme vice-président de la République d'Afrique du Sud (1994-1996) sous la présidence de Nelson Mandela et la termine comme chef de l'opposition parlementaire (1996-1997).

En 1993, il reçoit le prix Nobel de la paix conjointement avec Nelson Mandela pour avoir mis un terme à l'apartheid.

En 2000, il crée la Fondation F.W. de Klerk pour promouvoir son héritage politique et soutenir les causes pour lesquelles il s'est investi durant son mandat, notamment les questions constitutionnelles ou relatives aux relations inter-communautaires.

Origine et études[modifier | modifier le code]

F. W. de Klerk est né à Johannesbourg en 1936. Il est le fils de Jan de Klerk (1903-1979) et Hendrina Cornelia de Klerk (1904-2001), décédée à peine quatre mois avant le décès de son ex-belle-fille Marike Willemse et le frère de Wimpie de Klerk (1928-2009). Sa famille, dont le nom dérive du patronyme français « Le Clerc », « Le Clercq » ou « de Clercq » est d'origine huguenote. Elle s'est installée dans le pays en 1686, soit quelques mois après la révocation de l’édit de Nantes, et a participé à plusieurs évènements de l'histoire afrikaner[2]. Ses ancêtres ont notamment pris part au Grand Trek dans le convoi mené par Piet Retief afin d'échapper à la domination britannique. En 1838, trois membres de la famille de Klerk furent aussi tués avec Retief dans le Kraal du roi zoulou Dingane. Plus tard, durant la Seconde Guerre des Boers (1899-1902), le grand-père de F. W. de Klerk fut fait prisonnier à deux reprises par les Britanniques avant d'être l'un des membres fondateurs du Parti national en 1914 au côté de James Barry Hertzog. Selon le généalogiste Keith Meintjies et confirmé par F.W. de Klerk, ce dernier s'inscrit également dans la lignée de Krotoa (Eva) une femme khoï, qui avait servi comme interprète pour les colons néerlandais lors de la fondation de la Colonie du Cap[3],[4].

Membre de l’Église réformée hollandaise, F. W. de Klerk est le fils cadet de Jan de Klerk, directeur d'école puis ministre avec divers portefeuilles (1954-1969) et président du Sénat (1969-1976), ainsi que le neveu de J. G. Strijdom, chef du gouvernement sud-africain de 1954 à 1958. Son frère aîné, Wimpie de Klerk, sera analyste politique et cofondateur du Parti démocratique en 1989.

Lycéen à Krugersdorp, dans la banlieue de Johannesbourg, F. W. de Klerk est diplômé en droit avec mention de l’université de Potchefstroom en 1958. En 1959, il épouse Marike Willemse (1937-2001) avec qui il élèvera trois enfants (adoptés). Le couple F. W. et Marike de Klerk divorcera en 1998.

C'est durant ses études universitaires qu'il adhère au Parti national et devient membre du Broederbond.

Avocat à Vereeniging dans le Sud du Transvaal, il refuse en 1972 la chaire de droit public à l'université de Potchefstroom pour se présenter aux élections générales.

Ascension politique (1972-1989)[modifier | modifier le code]

En , Frederik Willem de Klerk est élu à l'occasion d'une élection partielle député de Vereeniging au siège de l'ancien ministre Blaar Coetzee nommé opportunément ambassadeur à Rome par le Premier ministre John Vorster. En fait, F. W. de Klerk bénéficie dans sa promotion politique rapide de l'appui de Vorster, lequel est un ami de longue date de Jan de Klerk.

Chef de la communication du parti national du Transvaal en 1975, Frederik de Klerk devient le plus jeune membre du cabinet ministériel de John Vorster en janvier 1978 en étant nommé ministre de l'Assurance-maladie et des Pensions ainsi que ministre des Postes et des Télécommunications (janvier à novembre 1978). Au sein des gouvernements de Pieter Botha, il est successivement :

Parallèlement, en mars 1982, il est élu président de la fédération du parti national dans le Transvaal à la suite de la scission menée par l'ancien président, Andries Treurnicht.

Le , il devient le président du Conseil des ministres au Parlement et chef de la Chambre blanche du Parlement le .

En 1989, Frederik Willem de Klerk est ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement de Pieter Botha. Chef du parti national au Transvaal, il se présente le pour exécuter la même fonction partisane mais cette fois au niveau national. Opposé à Chris Heunis, Barend du Plessis et Pik Botha, il est élu chef du parti national le au troisième tour de scrutin par 69 voix contre 61 à Barend du Plessis. Il succède alors à Pieter Botha qui se maintient encore à la tête de l'État.

Soutenu par le parti et le cabinet, il entre pour plusieurs mois en crise ouverte avec le président Pieter Willem Botha, qui finalement, démissionne de la présidence le .

Président de l'État (1989-1994)[modifier | modifier le code]

Frederik Willem de Klerk assure l'intérim de la présidence à partir du et organise des élections générales anticipées le . Le Parti national remporte ces élections sur un programme réformiste mais est sérieusement accroché sur sa droite par le parti conservateur d'Andries Treurnicht.

Connu pour son goût de la négociation, « la rigidité est mauvaise (…) je crois à la persuasion », il va assurer en douceur la fin du régime de l'apartheid. Dès le , il se rend en Zambie pour discuter avec le président Kenneth Kaunda, dont le pays abritait l'état-major et plusieurs camps de l'ANC (Congrès national africain). Il y rencontre en secret les représentants de l'ANC, mais aussi des diplomates soviétiques.

Frederik de Klerk et Nelson Mandela au Forum économique mondial à Davos en janvier 1992.

Après de multiples négociations confidentielles, et l'intervention des représentants des pays africains dits de la « ligne de front », il annonce en février 1990, la légalisation du Congrès national africain (African National Congress, ANC) ainsi que la libération de son chef historique, Nelson Mandela.

Il entame également une tournée internationale qui le conduit, entre autres, en France où il rencontre le président François Mitterrand, lequel n'avait pas reçu en 1986 le président Pieter Botha qui était venu commémorer les soldats sud-africains morts pendant la Première Guerre mondiale en France[5].

Ses négociations suivies avec Nelson Mandela leur valent conjointement, en 1993, l'obtention du prix Nobel de la paix.

Il met en place, en 1991, la Commission Goldstone qui est officiellement une commission d'enquête concernant la prévention des violences publiques et de l'intimidation, afin d'examiner d'éventuels cas de violences émanant de groupes opposés aux négociations sur le démantèlement de l'apartheid et, si possible, à les prévenir.

En mars 1992, à la suite des coups de boutoir des mouvements suprémacistes blancs et à une succession de défaites lors d'élections partielles, il fait entériner par référendum la poursuite des négociations constitutionnelles par la population blanche (68 % d'approbation).

Les négociations aboutissent à l'établissement d'une constitution provisoire et aux premières élections multiraciales en avril 1994, à la suite desquelles le nouveau Parlement élit Nelson Mandela à la présidence de la République.

Vice-président de la République (1994-1996)[modifier | modifier le code]

En 1994, à la suite des élections générales remportées par l'ANC, Frederik Willem de Klerk assure avec Thabo Mbeki l'un des deux nouveaux postes de vice-président.

Lors de ces élections, le Parti national de De Klerk recueille 20 % des suffrages au niveau national, la majorité des voix et la direction de la nouvelle province du Cap-Occidental.

En 1996, de Klerk démissionne de la vice-présidence et met fin à la participation du Parti national aux fonctions gouvernementales.

Retraite active de la vie politique (depuis 1997)[modifier | modifier le code]

Buste de Frederik de Klerk à l'Erfenissentrum (centre pour la mémoire) du Voortrekker Monument à Pretoria.

Le , Frederik Willem de Klerk quitte la direction du Parti national (National Party) et se retire définitivement de la vie politique. L'ancien parti de l'apartheid, rebaptisé Nouveau Parti national (New National Party – NNP), s'effondre aux élections de 1999, concurrencé par un parti d'opposition plus pugnace, le Parti démocratique.

Frederik Willem de Klerk s'est, entre-temps, retiré dans sa ferme près de Paarl avec sa nouvelle femme Elita qu'il épousa en 1998.

En 2000, la fondation F. W. de Klerk est créée par l'ancien président avec pour objectif la promotion de la paix dans les États multi-communautaires, que ce soit en Afrique du Sud ou dans le monde entier.

Le , Marike de Klerk, l'ancienne épouse de Frederik Willem de Klerk, est assassinée à son domicile au Cap. Elle devient l'un des symboles de la criminalité galopante dans le pays.

En 2004, de Klerk participe à la Global Leadership Foundation dont l'objectif est de venir en aide aux chefs d'État et de gouvernement afin de promouvoir la paix, la démocratie et le développement. En politique intérieure sud-africaine, il dénonce le sabordage du New National Party résiduel et sa fusion dans l'ANC.

En 2005, il dénonce l'activisme révisionniste et la trahison de ses promesses par l'ANC concernant le respect des minorités. Pour lui, la procédure visant à débaptiser Pretoria pour l'appeler Tshwane, sans consultation préalable des habitants de la ville, est un abus de majorité d'autant plus que ses habitants, majoritairement blancs, y sont hostiles.

En mars 2006, à l'occasion de ses 70 ans, Nelson Mandela lui rendit hommage pour avoir évité un bain de sang à l'Afrique du Sud en acceptant la négociation et le principe d'une Afrique du Sud multiraciale.

Le , de Klerk fait sensation dans un article du Sunday Independent en réponse à Desmond Tutu qui regrettait que la « communauté blanche sud-africaine n'était pas assez reconnaissante envers les Noirs sud-africains pour la générosité que ceux-ci ont eue à leur égard ». Pour Frederik Willem de Klerk, « les citoyens noirs devraient être reconnaissants envers les Blancs pour leur avoir laissé le pouvoir et avoir ainsi surmonté leurs peurs »[6]. Il répéta que le système d'apartheid était moralement indéfendable mais refusa de qualifier le régime blanc de « criminel ». Les Blancs eux aussi avaient fait des sacrifices : « Ne serait-il pas aussi judicieux pour les Sud-Africains noirs de reconnaître la contribution que les Blancs ont apporté à l'Afrique du Sud nouvelle (…) Car ça demande du courage de surmonter ses peurs et mettre sa confiance dans les mains de ses ex-ennemis ». Il invoqua particulièrement l'histoire mouvementée des Afrikaners qui ont, à ses yeux, sacrifié plusieurs siècles de révoltes et de quêtes de liberté pour construire une Afrique du Sud non raciale.

En juin 2006, de Klerk était opéré, dans une clinique du Cap, de deux métastases cancéreuses malignes situées dans son dos. À la suite de bulletins de santé évasifs ou contradictoires, des rumeurs sur son décès circulèrent provoquant cependant l'hospitalisation de sa jeune épouse.

F. W. de Klerk en 2012.

En mai 2012, dans un entretien à CNN durant laquelle il évoque sa jeunesse, ses motivations de l'époque et son évolution sur la politique d'apartheid, il refuse de condamner d'emblée le principe de séparation entre les Noirs et les Blancs mais récuse toute nostalgie. Regrettant les injustices et les atteintes envers les droits de l'homme commises durant l'apartheid tout en revendiquant la paternité de son abolition au nom du Parti national, Frederik de Klerk compare le principe des bantoustans avec la formation des États tchèque et slovaque, qu'il définit comme un concept visant à créer un État marqué par une unité ethnique avec une culture et une langue, où chacun peut être heureux et combler ses aspirations démocratiques. Pour Frederik de Klerk, les habitants de ces bantoustans (ou homelands) n'étaient pas privés du droit de vote au sein de leur propre État, il soutient qu'ils étaient justifiés du point de vue historique et compare le montant des sommes dépensées en Afrique par le monde développé pour lutter contre la pauvreté avec celles dépensées dans ces bantoustans par les anciens gouvernements blancs. Ses propos provoquent de nombreuses polémiques et des réactions indignées en Afrique du Sud, alimentant les discussions sur Twitter, Internet et sur les ondes radio-télévisées[7],[8],[9].

Il déclenche une controverse en affirmant en février 2020 : « L’idée que l’apartheid ait été un crime contre l’humanité était et reste un projet de propagande lancé à l’initiative des Soviétiques, de leurs alliés de l’ANC et du Parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité ». Les parlementaires du parti des Combattants pour la liberté économique (EFF) ont dénoncé la présence de De Klerk dans l’hémicycle, le 13 février, lors du discours annuel de la nation du président Ramaphosa[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Frederik Willem de Klerk est également président d'honneur de la société praguoise pour la coopération internationale, membre de l'assemblée des parlements de la culture d'Istanbul et membre de Forum 2000, un laboratoire d'idées fondé par le président tchèque Václav Havel et le prix Nobel Elie Wiesel.

Il est membre du conseil du centre Peres pour la paix en Israël.

Il est membre honoraire du Club de Rome[11].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • The Last Trek - a New Beginning, Macmillan, janvier 1999.
  • Lettres à Nelson Mandela, Débats publics éditions, 2019.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]