Françoise Barré-Sinoussi

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Françoise Barré-Sinoussi
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Françoise Barré-Sinoussi, née le à Paris, est une immunologue et virologue française. Elle fait sa carrière à l'Institut Pasteur dont elle est directrice de recherche honoraire, et participe à la découverte du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) à l'origine du sida. Cette découverte lui vaut de recevoir le , co-lauréate avec Luc Montagnier, le prix Nobel de physiologie ou médecine. Elle est présidente de l'association Sidaction depuis 2017 et depuis , présidente du Comité analyse recherche et expertise (CARE) installé par la Présidence de la République dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 en France[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Après l'obtention du baccalauréat en 1966, Françoise Sinoussi entreprend des études supérieures de biologie à la faculté des sciences de l'université de Paris, où elle obtient le diplôme universitaire d'études scientifiques de chimie-biologie en 1968, la maîtrise en biochimie en 1971 et le diplôme d'études approfondies en 1972. Elle rejoint en 1971 le laboratoire de Jean-Claude Chermann au sein du service d'immunochimie de l'Institut Pasteur à Garches, et obtient le doctorat d'État en 1974. Elle travaille ensuite un an aux États-Unis comme attachée de recherche de la National Science Foundation, puis est recrutée par l'INSERM, où elle occupe successivement les fonctions d'attachée (1975-1980), de chargée (1980-1986) et enfin de directrice de recherche (à partir de 1986). Elle fait partie jusqu'en 1988 du laboratoire de J.-C. Chermann (lequel avait intégré en 1974 l'unité d'oncologie virale de Luc Montagnier), puis prend à cette date la tête d'une unité de recherche[2].

En , Willy Rozenbaum envoie à l'Institut Pasteur la première biopsie ganglionnaire d'un patient atteint de « lymphadénopathie généralisée », ce qui correspond au stade de « pré-sida » (antérieur à l'apparition d'une immunodéficience profonde). Prélevé à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le ganglion est confié à Luc Montagnier, qui, après l'avoir disséqué, le met en culture. Pendant les trois semaines qui suivent, Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi analysent régulièrement l'activité rétrotranscriptase du surnageant des cultures afin de déterminer l'éventuelle présence d'un rétrovirus. Une telle activité est détectée, mais elle s'associe systématiquement à une mort cellulaire. Ce phénomène conduit les chercheurs à utiliser les services du centre de transfusion sanguine de l'Institut Pasteur afin de récupérer des globules blancs de donneurs, de les mettre en culture et d'y injecter le surnageant des cultures. L'activité enzymatique rétrovirale est à nouveau détectée et l'effet cytopathogène du virus sur les lymphocytes CD4 établi[3]. Le , l'équipe de l'Institut Pasteur observe pour la première fois au microscope électronique le rétrovirus en question. Le 20 mai 1983, Françoise Barré-Sinoussi et ses collaborateurs publient un article dans la revue Science où ils annoncent la découverte d'un nouveau rétrovirus, nommé alors LAV (Lympho-adénopathy Associated Virus), qui sera renommé VIH-1.

Les autres personnes qui ont participé à la découverte du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sont Willy Rozenbaum, Françoise Brun-Vézinet et Jean-Claude Chermann[4]. Pendant les années qui suivent, le débat est assez vif quant aux mérites respectifs de l'Institut Pasteur et du groupe de Robert Gallo dans la découverte du virus. La remise du prix Nobel constitue à ce titre la reconnaissance officielle du rôle majeur joué par l'Institut Pasteur, notamment en la personne de Luc Montagnier et de Françoise Barré-Sinoussi[5] ; toutefois, les partisans de Robert Gallo ne manquent pas de critiquer le choix du comité Nobel[6].

En 1988, Françoise Barré-Sinoussi prend la tête du laboratoire de biologie des rétrovirus, rattaché à l'unité de virologie médicale et des vaccins viraux à l'Institut Pasteur. À cette période elle met en place des programmes de recherche sur les déterminants viraux et les hôtes de la pathogénèse du VIH. Entre 1988 et 1998, elle participe à des programmes collectifs sur la recherche du vaccin contre le VIH.

En 1992, elle prend la tête de l'unité de régulation des rétrovirus, puis, en 2005, celle de l'unité de régulation des infections rétrovirales, toujours au sein de l'Institut Pasteur.

En 2008, elle oriente ses recherches vers les régulations congénitales des infections par le VIH. Cela consiste à essayer de déterminer les mécanismes de protection contre l'infection VIH/SIV ou de contrôle du sida, en particulier au niveau de l'immunité innée.

En 2012, elle devient présidente de l'International AIDS Society, première société internationale indépendante de chercheurs et de médecins contre le VIH.

En 2014, elle est nommée membre du Conseil stratégique de la recherche[7]. Elle devient marraine de la promotion 2013-2014 des étudiants FGSM2 (2e année de médecine) de la faculté de médecine de Tours (Université François-Rabelais). En 2018, elle devient aussi marraine de la promotion de médecine 2017-2022 de Nancy. Ainsi, ces promotions portent le nom de « Promotion Françoise Barré-Sinoussi ».

Elle est présidente du Sidaction depuis 2017[8],[9].

Crise du Coronavirus 2020[modifier | modifier le code]

Lors de la pandémie de maladie à coronavirus, elle est nommée présidente du Comité analyse recherche et expertise (CARE) installé le , réunissant 12 chercheurs et médecins pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le SARS-CoV-2[1]. Elle prend position sur le déploiement de hydroxychloroquine comme traitement contre le coronavirus dès le pour « ne pas donner de faux espoirs, pour une question d'éthique et en l'absence d'efficacité démontrée »[10].

Publications[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Réception du doctorat honoris causa de l'EPFL, 2014.

Durant sa carrière, elle a été honorée de nombreuses distinctions, notamment le prix Nobel de physiologie ou médecine, en 2008, pour la découverte du VIH en 1983.

Prix[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Le , à la veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, un bâtiment du CHU de Bicêtre (AP-HP) est rebaptisé en son honneur en présence du président François Hollande. Ce bâtiment regroupe les services du pôle « immunologie-infectieux-inflammation-endocrinologie »[17].

Décorations[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Covid-19 : qu'est-ce que le Care, ce nouveau comité de scientifiques qui conseille Macron? », sur L'express, (consulté le 24 mars 2020)
  2. a et b « Françoise Barré-Sinoussi — notice biographique », sur Académie des sciences (consulté le 25 avril 2021).
  3. (en) Françoise Barré-Sinoussi, Jean-Claude Chermann, Françoise Rey, Marie-Thérèse Nugeyre, Sophie Chamaret, Jacqueline Gruest, Charles Dauguet, Claudine Axler-Blin, Françoise Vézinet-Brun, Christine Rouzioux, Willy Rozenbaum et Luc Montagnier, « Isolation of a T-lymphotropic Retrovirus From a Patient at Risk for Acquired Immune Deficiency Syndrome (AIDS) », Science, vol. 4599, no 220,‎ , p. 868-71 (PMID 6189183, DOI 10.1126/science.6189183).
  4. Patrick Berche, Une histoire des microbes, Montrouge, John Libbey Eurotext, coll. « Médecine sciences / Sélection », , 307 p. (ISBN 978-2-7420-0674-8, lire en ligne).
  5. « Juste Nobel », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  6. « Le prix Nobel de médecine controversé », Courrier international, 7 octobre 2008.
  7. Décret du 3 février 2014 portant nomination au Conseil stratégique de la recherche
  8. « Sidaction Notre organisation », sur Sidaction (consulté le 25 avril 2021).
  9. « Francoise Barre-Sinoussi nouvelle présidente de Sidaction », sur Sciences et avenir.
  10. Pascale Santi, « Françoise Barré-Sinoussi : « Ne donnons pas de faux espoirs, c’est une question d’éthique » », sur Le Monde, (consulté le 25 mars 2020)
  11. a b et c https://histoire.inserm.fr/les-femmes-et-les-hommes/francoise-barre-sinoussi/(page)/2
  12. http://new.galienfoundation.org/index.php/2017/01/21/winners/
  13. https://www.koerber-stiftung.de/fileadmin/user_upload/koerber-stiftung/redaktion/kpew/pdf/vor_2001/Koerber_Prize_1986_Retrovirus_Research__AIDS_.pdf
  14. http://agenda.germainpire.info/view_entry.php?id=20082
  15. « Un magistral bravo aux 872 nouveaux diplômés de l'EPFL ! », 4 octobre 2014, site de l'EPFL.
  16. « Dies academics 2020 ».
  17. « Hommage à Francoise Barre-Sinoussi à l’hôpital Bicêtre en présence du président de la République François Hollande », sur APHP.
  18. ORDRE DE LA LEGION D'HONNEUR Décret du 12 juillet 1996 portant promotion et nomination
  19. Décret du 25 mars 2005 portant promotion et nomination
  20. Décret du 31 décembre 2008 portant promotion (rectificatif)
  21. « La Légion d'honneur du Nouvel An », Le Figaro, 1er janvier 2009.
  22. Décret du 29 mars 2013.
  23. « Légion d’honneur : une promotion spéciale pour l’attentat de Nice », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 1er janvier 2017).
  24. Décret du 30 décembre 2016 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  25. Décret du 30 avril 2002 portant promotion et nomination

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Éric Favereau, « Moteur de recherche », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le 24 avril 2021).
  • [entretien] Solenn de Royer, « Françoise Barré-Sinoussi “La recherche c'est un peu comme entrer au carmel” », Le Monde,‎ , p. 25 (lire en ligne, consulté le 24 avril 2021).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]