Dorothy Crowfoot Hodgkin

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Dorothy Crowfoot Hodgkin
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
Ilmington (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Père
John Winter Crowfoot (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Grace Mary Crowfoot (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Elizabeth Grace Crowfoot (d)
Joan Crowfoot Payne (en)
Diana Crowfoot (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Thomas Lionel Hodgkin (en) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
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Directeur de thèse
Distinctions
Dorothy Hodgkin blue plaque in Oxford.jpg
plaque commémorative

Dorothy Crowfoot Hodgkin, née le au Caire et morte le à Ilmington, dans le Warwickshire, est une chimiste britannique. Elle est une pionnière de la diffractométrie de rayons X, méthode de cristallographie permettant de déterminer la géométrie en trois dimensions de molécules complexes, en particulier de molécules d'origine biologique. Elle a reçu le prix Nobel de chimie de 1964 « pour sa détermination par des techniques aux rayons X des structures de substances biochimiques importantes[1] ». Bien qu'elle reconnût que son travail sur l’insuline fut le plus important de toute sa vie, elle ne cessa de lutter pour la paix et la justice sociale.

Débuts[modifier | modifier le code]

Dorothy Mary Crowfoot née le 12 mai 1910 au Caire en Égypte, de John Crowfoot, employé civil dans le département de l'Éducation de l'administration britannique d'Égypte, et de Grace Mary Crowfoot, sage-femme dont elle est la fille aînée[2]. Elle passe ses quatre premières années en Asie mineure, retournant en Angleterre seulement quelques mois par an. Elle passe la Première Guerre mondiale au Royaume-Uni, dans la famille de ses parents ou chez des amis, mais séparée de ses parents[2]. Ses parents rentrent peu avant l'Armistice de 1918 avec une quatrième fille et la famille s'installe à Nettleham dans le Lincolnshire[3].

Éduquée à la maison jusqu'à l'âge de 10 ans, elle intègre la Sir John Leman High School à Beccles dans le Suffolk. C'est dans cette école qu'elle se découvre une passion pour la chimie et, à 11 ans, elle réalise sa première expérience seule en faisant fondre un fil de platine dans la flamme d'un réchaud à alcool[3].

Éducation et recherche[modifier | modifier le code]

En 1928, elle entre au Somerville College, après avoir travaillé pendant plusieurs mois rattraper son retard en latin et en sciences[4]. Elle étudie aussi à l'université de Cambridge sous la tutelle de John Desmond Bernal, où elle apprend le potentiel de la diffractométrie de rayons X pour déterminer la structure des protéines[5]. Elle devient alors son bras droit et publie de nombreux articles en collaboration avec lui.

En 1934, elle revient à Oxford pour enseigner[5]. C'est à cette époque qu'on lui détecte une polyarthrite rhumatoïde qui la handicapera toute sa vie[5]. Là, elle se concentre sur ses recherches personnelles concernant la structure des protéines[6]. À Oxford, elle aura comme élève la future Margaret Thatcher, qui exposera un portrait de Dorothy Crowfoot dans son bureau de Downing Street[7]. Deux ans plus tard devient chercheuse au Somerville College, un poste qu'elle détient jusqu'en 1977. En 1960, elle est nommée Wolfson Research Professor à la Royal Society. Elle dirige également l'union internationale de cristallographie de 1972 à 1975[8].

Structure de l'insuline[modifier | modifier le code]

L'insuline est un de ses principaux sujets de recherche. Elle commence ses travaux en 1934 quand lui est offert par Robert Robinson un échantillon de cristaux d'insuline. Elle est la première à réussir à étudier cette molécule aux rayons X, ce qui lui vaut d'être publié dans le magazine Nature sous son nom seul, une exception pour l'époque[6]. Elle, et d'autres, passent 25 ans à perfectionner cette technique, la structure de molécules de plus en plus complexes peut être analysée, jusqu'à ce que, 35 ans plus tard, en 1969, la structure de l'insuline soit enfin résolue[6].

Structure de la pénicilline[modifier | modifier le code]

En 1928, la pénicilline est découverte par Alexander Fleming et Dorothy Crowfoot décide de mener une expérience sur des souris infectées par des streptocoques pour voir l'effet de la molécule sur la maladie[6]. En 1945, elle annonce avoir décrypté la structure de la molécule[6].

La structure de la vitamine B12[modifier | modifier le code]

On savait depuis 1926 que la consommation de viande de foie en quantité suffisante permet de guérir l'anémie pernicieuse. Grâce aux travaux de Mary Shorb, la substance active présente dans la viande de foie, la vitamine B12, a été isolée sous forme cristallisée en 1948, presque simultanément par l'équipe de Karl Folker du laboratoire Merck, puis par Lester Smith du laboratoire Glaxo. Une décennie plus tard, Dorothy Hodgkin détermina la structure chimique tridimensionnelle de cette molécule complexe à partir de ses clichés cristallographiques[9]. Elle est alors la molécule la plus complexe structurellement parlant à avoir été décryptée[10].

Activités sociales[modifier | modifier le code]

En dépit de son rôle scientifique éminent, elle ne se tourne pas seulement vers la science. Elle se penche souvent sur les problèmes d'inégalités sociales et la réduction des risques de conflits armés. Elle est présidente de la Pugwash qui veille à ce que les découvertes scientifiques ne soient pas utilisée pendant un conflit armé, qui recevra le prix Nobel de la paix en 1995, de 1976 à 1988[11].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Ordre du mérite.

Elle est également chancellière de l'Université de Bristol de 1970 à 1988[13].

L'astéroïde (5422) Hodgkin, découvert le 23 décembre 1982, est nommé en son honneur[13].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Son mentor scientifique, John Desmond Bernal, l'influence beaucoup scientifiquement et politiquement. C'est un scientifique réputé, un membre du parti communiste jusqu'à l'invasion de la Hongrie par l'URSS. Elle se réfère à lui toujours comme un « sage », l'aime et l'admire sans réserve et ils ont quelques périodes de vie conjugales, leur mariage respectif n'est pas serein.

En 1937, Dorothy se marie avec Thomas Hodgkin, qui fut aussi pendant un temps membre du parti communiste[7]. Thomas a plus tard une carrière variée, d'enseignant, éducateur, historien et économiste. Il devient conseiller de Kwame Nkrumah, président du Ghana, en 1961 où il reste pour de longues périodes. Elle lui rend souvent visite. Le couple a trois enfants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « for her determinations by X-ray techniques of the structures of important biochemical substances » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Chemistry 1964 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 20 août 2010
  2. a et b Merle-Béral 2016, p. 120-121.
  3. a et b Merle-Béral 2016, p. 122-123.
  4. Merle-Béral 2016, p. 127-128.
  5. a b et c Merle-Béral 2016, p. 131-132.
  6. a b c d et e Merle-Béral 2016, p. 133-134.
  7. a et b Merle-Béral 5-2016, p. 138-137.
  8. (en) « Previous Executive Committees », sur IUCr (consulté le 2 novembre 2011)
  9. D'après Lionel Milgrom, « The assault on B12: The gargantuan task of unravelling nature’s route to vitamin B12 is almost complete. », The Scientist, no 1890,‎ (lire en ligne).
  10. « DOROTHY MARY CROWFOOT HODGKIN », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 14 mars 2019)
  11. Merle-Béral 2016, p. 144-145.
  12. a b et c (en-US) « The Nobel Prize in Chemistry 1964 », sur NobelPrize.org (consulté le 14 mars 2019)
  13. a b c d e et f (en-US) « 51 Female Inventors and Their Inventions That Changed the World and Impacted the History In a Revolutionary Way », sur interestingengineering.com, (consulté le 14 mars 2019)

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Georgina Ferry, Dorothy Hodgkin : a life, Cold Spring Harbor, N.Y, Cold Spring Harbor Laboratory Press, , 423 p. (ISBN 978-0-87969-590-3 et 978-0-879-69594-1)
  • (en) Guy Dodson, Dorothy Mary Hodgkin, OM, Londres, The Royal Society, coll. « Biographical Memoir », (ISBN 978-0-85403-582-3, OCLC 51486197)
  • (en) Dorothy Hodgkin, Guy Dodson (dir.), Jenny P. Glusker (dir.) et David Sayre (dir.), Structural studies on molecules of biological interest : a volume in honour of Professor Dorothy Hodgkin, Oxford New York, Clarendon Press Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-855362-5)
  • Hélène Merle-Béral, 17 femmes prix Nobel de sciences, Paris, Odile Jacob, , 352 p. (ISBN 978-2-7381-3459-2), chap. 5 (« Dorothy Crowfoot-Hodgkin : La cristallographie aux rayons X en biochimie (Prix Nobel de chimie 1964) »). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]