Aristide Briand

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Aristide Briand
Illustration.
Aristide Briand.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français
et ministre des Affaires étrangères

(2 mois et 23 jours)
Président Gaston Doumergue
Gouvernement Briand XI
Prédécesseur Raymond Poincaré
Successeur André Tardieu

(7 mois et 19 jours)
Président Gaston Doumergue
Gouvernement Briand VIII, IX et X
Prédécesseur Paul Painlevé
Successeur Édouard Herriot

(11 mois et 27 jours)
Président Alexandre Millerand
Gouvernement Briand VII
Prédécesseur Georges Leygues
Successeur Raymond Poincaré

(1 an, 4 mois et 16 jours)
Président Raymond Poincaré
Gouvernement Briand V et VI
Prédécesseur René Viviani
Successeur Alexandre Ribot
Président du Conseil des ministres français
et ministre de l'Intérieur

(2 mois et 1 jour)
Président Armand Fallières
Gouvernement Briand III et IV
Prédécesseur Raymond Poincaré
Successeur Louis Barthou

(1 an, 7 mois et 3 jours)
Président Armand Fallières
Raymond Poincaré
Gouvernement Briand I et II
Prédécesseur Georges Clemenceau
Successeur Ernest Monis
Ministre des Affaires étrangères

(5 ans, 5 mois et 20 jours)
Président du Conseil Raymond Poincaré
André Tardieu
Camille Chautemps
Théodore Steeg
Pierre Laval
Prédécesseur Édouard Herriot
Successeur Pierre Laval

(7 mois et 19 jours)
Président du Conseil Aristide Briand
Prédécesseur Édouard Herriot
Successeur Édouard Herriot

(11 mois et 27 jours)
Président du Conseil Aristide Briand
Prédécesseur Georges Leygues
Successeur Raymond Poincaré

(1 an, 4 mois et 16 jours)
Président du Conseil Aristide Briand
Prédécesseur René Viviani
Successeur Alexandre Ribot
Ministre de la Justice

(2 mois et 3 jours)
Président du Conseil René Viviani
Prédécesseur Jean-Bienvenu Martin
Successeur René Viviani

(1 an et 7 jours)
Président du Conseil Raymond Poincaré
Prédécesseur Jean Cruppi
Successeur Louis Barthou

(1 an, 6 mois et 20 jours)
Président du Conseil Georges Clemenceau
Prédécesseur Jean François Edmond Guyot Dessaigne
Successeur Louis Barthou
Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes

(1 an, 9 mois et 21 jours)
Président du Conseil Fernand Sarrien
Georges Clemenceau
Prédécesseur Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
Successeur Gaston Doumergue
Député de la Loire-inférieure

(12 ans, 3 mois et 20 jours)
Député de la Loire

(17 ans, 7 mois et 10 jours)
Biographie
Nom de naissance Aristide Pierre Henri Briand
Date de naissance
Lieu de naissance Nantes (France)
Date de décès (à 69 ans)
Lieu de décès Paris 16e (France)
Nationalité Drapeau : France Française
Parti politique Républicain-socialiste
Prix Nobel de la paix 1926
Président du Conseil français

Aristide Briand, né le à Nantes et mort le à Paris, est un avocat et un homme politique français. Onze fois président du Conseil et vingt-six fois ministre sous la Troisième République, il joue un rôle essentiel dans les relations internationales après la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, il est l'initiateur et le rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l'État adoptée en 1905, codifiant la laïcité en France.

En 1926, il reçoit le prix Nobel de la paix, conjointement avec Gustav Stresemann, pour son action comme ministre des Affaires étrangères en faveur de la réconciliation entre la France et l'Allemagne (accords de Locarno, 1925). En 1928, poursuivant son rêve de paix par la sécurité collective, dont l'axe serait la Société des Nations, il signe avec l'Américain Frank Billings Kellogg le pacte Briand-Kellogg visant à mettre la guerre hors-la-loi. Mais sa construction diplomatique s'écroule dès le début des années 1930, marquées par la crise économique de 1929, la montée du nazisme et du nationalisme japonais[a].

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Aristide Briand vers 1906.

Aristide Pierre Henri Briand[1] est issu d'une famille modeste. Il naît à Nantes au 12 de la rue du Marchix, donc dans un quartier très populaire et miséreux, au domicile et lieu de travail de ses parents, Pierre-Guillaume Briand et Madeleine Bouchaud, aubergistes[b]. Avant son mariage, Madeleine avait été lingère au château de Blain, chez le baron Clément de Lareinty.

Deux ans après la naissance d'Aristide, ils s'installent à Saint-Nazaire où ils gèrent plusieurs établissements, notamment « Le Grand Café ». Ils reviennent à Nantes en 1894.

Après avoir été élève du collège de Saint-Nazaire, Aristide Briand entre comme élève boursier au lycée de Nantes (actuellement lycée Georges-Clemenceau)[2]. Il fait une très bonne année scolaire, avec les premiers prix de version latine et de version grecque et les deuxièmes prix d'histoire et d'anglais, et le premier prix de version grecque au concours général. Aussi, il passe directement en rhétorique en 1878-1879 (il y obtient seulement 3 accessits). Durant ces années, il semble qu'il ait fait la connaissance de Jules Verne.

Après le baccalauréat, il entreprend des études de droit et devient clerc de notaire en revenant à Saint-Nazaire. En 1886, il s’inscrit comme avocat stagiaire au barreau de cette ville portuaire, il rencontre Fernand Pelloutier, figure de l’anarcho-syndicalisme et secrétaire de la Fédération des Bourses du travail. Il décide alors de s’engager en politique[3] et se lie d'amitié avec Eugène Couronné, ancien ouvrier typographe, fondateur et directeur du journal La Démocratie de l'Ouest qui lui a demandé son premier véritable article, daté du 17 août 1884. Devenu directeur politique de l'Ouest Républicain, il s'engage aux côtés des radicaux-socialistes. Il est élu conseiller municipal de Saint-Nazaire le et démissionne le . Il fait ensuite élire des « candidats-ouvriers » au sein du premier municipe socialiste de la ville[4].

D'août 1900 à novembre 1909, il est inscrit au Barreau de Pontoise. Son cabinet est installé près du lac d'Enghien, où il aime pêcher à la ligne avec ses amis, le dimanche. Il se fait connaître comme journaliste, notamment dans le journal anticlérical La Lanterne[5], et également en assurant la défense dans des procès emblématiques pour le monde ouvrier, comme celui des employés de l'horlogerie Crettiez de Cluses[c]. Célibataire, il multiplie les conquêtes ; il a eu un temps pour compagne la princesse Marie Bonaparte[6], future disciple de Freud. Par amour pour lui, celle-ci acheta le château des Lareinty à Blain.

Selon Christian Morinière, président de l'association Aristide-Briand, dont l'objet est d'œuvrer à la mémoire du Nantais et de gérer son fonds d'archives personnel, Aristide Briand « s'est toujours réclamé de la Bretagne ». Il était ancré à Nantes, à Saint-Nazaire et dans le Trégor, sur l'île Milliau, au large de Trébeurden, où il séjournait souvent. Morinière indique : « Il ne ratait pas une occasion de revenir. C'était sa patrie. On disait : Briand le Breton. Quand d'autres se disaient Alsaciens ou Provençaux, lui, il se définissait comme Breton »[7]. Et c'est en tant que tel que le quotidien L'Ouest-Éclair parle de lui[8],[9].

Années 1902-1905[modifier | modifier le code]

D’abord proche du syndicalisme révolutionnaire et grand défenseur de l'idée de la grève générale, il devient député socialiste de Saint-Étienne en 1902, à la suite de Benoît Oriol[10]. Il est alors très proche de Jean Jaurès. En 1904, il quitte son poste de secrétaire général du Parti socialiste français. Il joue un rôle important dans le processus de laïcisation en tant que rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l'État[11]. Son pragmatisme et son talent de négociateur ont finalement permis une application mesurée et un accord de fait entre la République laïque et une partie du clergé français, malgré l'opposition virulente du Vatican.

Évolution vers le centre (1906-1914)[modifier | modifier le code]

Aristide Briand.

En mars 1906, il se voit confier le ministère de l'Instruction publique dans le gouvernement du radical Sarrien contre l'avis de Jean Jaurès qui redoute que Briand suive la même évolution que Millerand au contact du pouvoir. Plus encore que celle de Millerand dans le gouvernement Waldeck-Rousseau en 1899, la nomination de Briand est très mal perçue dans les rangs de la SFIO, où l'on parle de trahison. Il fréquente à cette époque le salon de Madame Arman de Caillavet, égérie d'Anatole France. C'est Briand qui exige la venue du radical Clemenceau dans le cabinet, préférant l'avoir avec lui que contre lui. Clemenceau, autre habitué de Mme Arman de Caillavet, est nommé ministre de l'Intérieur, et devient très impopulaire chez les socialistes en tant que « briseur de grèves ». H.-P. Gassier signe alors une affiche désignant Briand comme « Le Jaune ».

De 1906 à 1913, Briand est constamment au gouvernement : de l'Instruction publique, il passe à la Justice en janvier 1908, dans le gouvernement Clemenceau (il tente alors d'obtenir l'abolition de la peine de mort), puis devient président du Conseil avec le portefeuille de l'Intérieur en juillet 1909 ; il conserve cette fonction jusqu'en mars 1913, à l'exception de l'année 1912, où il est de nouveau ministre de la Justice de Raymond Poincaré.

Durant cette période, il se montre hostile au droit de grève des fonctionnaires ; en octobre 1910, alors qu'il est chef du gouvernement, il dénonce une grève dans les chemins de fer de l'Ouest, récemment nationalisés, parlant d’« entreprise criminelle de violence, de désordre et de sabotage »[12]. Il réquisitionne les agents de la compagnie qui continuent quelques jours la grève en portant un brassard indiquant qu'ils sont mobilisés contre leur gré[réf. nécessaire]. Il se déclare prêt à « recourir à l'illégalité » contre les « grèves insurrectionnelles »[13]. Cette action antisyndicale suscite des critiques, dont celle de Jean Jaurès qui l'apostrophe : « Pas ça ou pas vous » ajoutant que Briand, par son « jeu de duplicité, souille et décompose successivement tous les partis ». De son côté, Maurice Barrès le qualifie de « monstre de souplesse ». Mais la grève, par ailleurs impopulaire auprès d'une frange de la population, est ainsi arrêtée au bout d'une semaine[14].

En 1914, il confirme son rapprochement vers le centre en créant, aux côtés de plusieurs chefs de file du Parti républicain démocratique, une éphémère Fédération des gauches, dont il prend la présidence. Il ne rejoint pourtant pas son groupe parlementaire après les élections législatives de 1914.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Aristide Briand portraituré par Marcel Baschet en 1916.

Briand revient au gouvernement fin juillet 1914, d'abord comme ministre de la Justice de René Viviani, puis d'octobre 1915 à mars 1917, comme président du Conseil, détenant le portefeuille des Affaires étrangères. Il joue donc un rôle actif dans la première phase de la guerre.

Durant la bataille de Verdun, il est un efficace[réf. nécessaire] président du Conseil, montrant ses capacités à faire face dans les moments les plus difficiles. Le , au début de son sixième gouvernement, dont le ministre de la Guerre est maintenant Lyautey, Joffre est remplacé comme commandant en chef par Nivelle, favorable à la reprise de la stratégie offensive et qui va préparer une grande opération pour le printemps 1917. En février 1917, Briand est confronté aux débuts de la révolution en Russie. Le départ de Lyautey en mars entraîne la chute du ministère, avant que Nivelle ait lancé l'offensive du Chemin des Dames, qui va d'ailleurs être un échec.

Combattu depuis des mois avec acharnement par Clemenceau, meneur des jusqu’au-boutistes, il cesse d'être ministre en mars 1917. Dès novembre 1917, sa situation au sein du gouvernement Clemenceau est loin d'être excellente, alors que le chef du gouvernement s'attaque aux « défaitistes », que Malvy — ministre de l'Intérieur depuis mars 1914 — et Caillaux sont déférés à la justice et que plusieurs espions ou supposés tels sont condamnés à mort (Bolo Pacha, Mata Hari). Il est clair que Clemenceau et Briand sont devenus des adversaires durant la Première Guerre mondiale. Clemenceau a dit de lui qu'il était un « imbécile ».

À l'élection présidentielle de janvier 1920, il fait en sorte de bloquer l'élection de Clemenceau, proposant celle de Paul Deschanel. Il convainc ainsi la droite catholique du danger d'élire le vieil anticlérical, tandis que la SFIO n'apprécie guère le « premier flic de France ». Briand va jusqu'à rencontrer Mgr Cerretti, représentant officieux du Vatican à Paris, pour qu'il soutienne Deschanel[15].

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Aristide Briand et Paul Painlevé à la une du magazine Time le .

Personnage phare des années 1920 et du début des années 1930, comme son rival Raymond Poincaré, il est président du Conseil à cinq reprises (1921, novembre 1925-juillet 1926, juillet-octobre 1929), occupant le poste de ministre des Affaires étrangères en 1921 et d'avril 1925 à janvier 1932. Durant cette période il se rapproche des socialistes avec qui il était en froid depuis la seconde moitié des années 1910. Pendant ses années au ministère des Affaires étrangères, il est épaulé et appuyé par le secrétaire général du Quai d'Orsay, Philippe Berthelot[16].

C'est à son rôle international qu'Aristide Briand doit sa renommée. Personnage phare du pacifisme français de l'entre-deux-guerres, il est un partisan de la politique de paix et de collaboration internationale (accords de Locarno, 1925), président du Conseil de la Société des Nations, médiateur lors de l'incident de Pétritch[17], coauteur du pacte Briand-Kellogg en 1928 qui mettait « la guerre hors-la-loi ». Il parvient à convaincre ses contemporains qui saluent son éloquence, notamment sa « voix de violoncelle »[18],[19],[20]. Le prix Nobel de la paix lui est décerné en 1926, ainsi qu'à son homologue allemand Gustav Stresemann, en reconnaissance de ses efforts pour l'établissement d'une paix durable résultant de négociations librement consenties.

Aristide Briand quitte l'Élysée après son échec pour constituer un nouveau gouvernement, le .

Le 18 juin 1926, quelques jours après la chute de son neuvième gouvernement à la suite de la démission de Raoul Péret, le président de la République, Gaston Doumergue, le charge de former un nouveau gouvernement. Il songe alors à former gouvernement d'union nationale, en s'appuyant sur les modérés de la SFIO et faire entrer dans le gouvernement des personnalités politiques importantes. Cependant, le refus d’Édouard Herriot et de la SFIO de participer et soutenir cet éventuel gouvernement entraîne l’échec d’Aristide Briand.[21]

Le , président du Conseil, il annonce devant l'assemblée générale de la Société des Nations, au nom du gouvernement français et en accord avec Stresemann, un projet d'union européenne. L'Assemblée lui donne mandat pour présenter un Mémorandum sur l'organisation d'un régime d'union fédérale européenne (rédigé par Alexis Leger), qui ne fut pas retenu[22].

En 1931, il est convié à l'inauguration du monument en l'honneur de Clemenceau érigé dans la cour du lycée de Nantes, mais il se fait représenter par son chef de cabinet, Georges Suard, lui aussi ancien élève, officiellement en raison d'une charge de travail trop importante. Il échoue à l'élection présidentielle française de 1931 face à Paul Doumer.

Mort et inhumation[modifier | modifier le code]

Le tombeau d'Aristide Briand dans le cimetière de Cocherel à Houlbec-Cocherel.

Il abandonne ses fonctions gouvernementales seulement deux mois avant sa mort, le au no 52 avenue Kléber[23]. Ses cendres reposent, depuis le , dans le petit cimetière de Cocherel, commune d'Houlbec-Cocherel (Eure), devant un paysage qu'il aimait tout particulièrement. L'oraison funèbre est prononcée par Édouard Herriot, président du Conseil.

Critiques et postérité de son action politique[modifier | modifier le code]

Gustav Stresemann (à gauche), Austen Chamberlain (au milieu) et Briand (à droite), en 1925.

Ayant quitté le socialisme, il est considéré par les socialistes comme un « renégat »[24], un « traître »[réf. nécessaire].

Pour les monarchistes de l'Action française, il est l'incarnation de la « démocrasouille » républicaine[réf. nécessaire] ; pour Léon Daudet, il est un « voyou de passage », une « fille publique, avec ses ruses, sa veulerie, son ignorance, sa sentimentalité banale et son souple avachissement »[réf. nécessaire].

Sa politique de rapprochement et de réconciliation avec l'Allemagne lui est reprochée. Jacques Bainville l'accuse d'oublier le « péril germanique » qu'il dénonce. Mais l'opinion française, majoritairement pacifique, l'approuve[réf. nécessaire], pensant que cette politique de paix a des chances de réussir. Mais il semble que Briand ait lui-même des doutes quant à la paix : « La paix, j'y travaille, mais je n'en suis pas le maître. S'il y a la guerre, il faut être prêt. ». Son successeur trouva une fortune de 23 millions de francs-or, « mois par mois, économisé sur les fonds spéciaux ».[non neutre]

Le grand reproche qui a été fait à la politique d'apaisement de Briand serait d’avoir défendu inlassablement une paix « impossible » à construire durablement à son époque, d'avoir tenté de « rendre la guerre hors-la-loi », d'avoir défendu le pacifisme.

D'autres personnalités ont partagé les positions pacifistes de Briand, même après l'arrivée au pouvoir d'Hitler (Briand est mort avant), et le réarmement de l'Allemagne : Marcel Déat clame qu'il ne veut pas « mourir pour Dantzig ». L'opinion publique française les suit : Édouard Daladier, signataire des accords de Munich, reçoit un triomphe à sa descente d'avion, alors qu'il pensait que la foule était là pour le lyncher.

Les diplomates français, notamment Alexis Leger (Saint-John Perse), secrétaire général du ministère des Affaires étrangères jusqu'en 1940 et ancien collaborateur de Briand, ont jusqu'au bout voulu croire possible une politique d'arbitrage et de désarmement menant à une réconciliation, voire à la naissance d'une fédération européenne.

Max Gallo le qualifie de « modèle le plus achevé de parlementaire français de la IIIe République », illustrant « l'incapacité de toute une classe politique à saisir la nouvelle donne qui change le jeu du monde ». Il pense que Briand (né en 1862), comme Pétain (né en 1856), étaient des hommes, nés sous le Second Empire, qui n'ont pas eu à « passer le témoin à des hommes » plus jeunes — morts dans les tranchées de 14-18 — et ils « tenaient encore la barre » dans les années 1930 et 1940. Finalement, de « trop vieux capitaines pour une mer déchaînée. Elle les a engloutis. »[réf. nécessaire]

Récapitulation de sa carrière politique[modifier | modifier le code]

Mandats électifs[modifier | modifier le code]

Fonctions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Les fonctions gouvernementales exercées par Aristide Briand sont présentées dans le tableau chronologique suivant.

Dates Fonctions gouvernementales exercées par Aristide Briand Gouvernement
Début Fin Président du conseil Ministre
Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes Ferdinand Sarrien
Instruction publique, Beaux-Arts et Cultes Georges Clemenceau (1)
Justice et Cultes Georges Clemenceau (1)
Président du Conseil Intérieur et Cultes Aristide Briand (1)
Président du Conseil
Intérieur et Cultes Aristide Briand (2)
Justice Raymond Poincaré (1)
Président du Conseil Intérieur et Cultes Aristide Briand (3)
Président du Conseil Intérieur Aristide Briand (4)
Justice René Viviani (2)
Président du Conseil
Affaires étrangères Aristide Briand (5)
Président du Conseil Affaires étrangères Aristide Briand (6)
Président du Conseil Affaires étrangères Aristide Briand (7)
17 avril 1925 27 octobre 1925 Affaires étrangères Paul Painlevé (2)
29 octobre 1925 22 novembre 1925 Affaires étrangères Paul Painlevé (3)
28 novembre 1925 6 mars 1926 Président du Conseil
Affaires étrangères Aristide Briand (8)
9 mars 1926 15 juin 1926 Président du Conseil
Affaires étrangères Aristide Briand (9)
23 juin 1926 17 juillet 1926 Président du Conseil
Affaires étrangères Aristide Briand (10)
23 juillet 1926 6 novembre 1928 Affaires étrangères Raymond Poincaré (4)
18 novembre 1928 26 juillet 1929 Affaires étrangères Raymond Poincaré (5)
29 juillet 1929 22 octobre 1929 Président du Conseil
Affaires étrangères Aristide Briand (11)
3 novembre 1929 17 février 1930 Affaires étrangères André Tardieu (1)
21 février 1930 25 février 1930 Affaires étrangères Camille Chautemps (1)
2 mars 1930 4 décembre 1930 Affaires étrangères André Tardieu (2)
13 décembre 1930 22 janvier 1931 Affaires étrangères Théodore Steeg
27 janvier 1931 13 juin 1931 Affaires étrangères Pierre Laval (1)
13 juin 1931 12 janvier 1932 Affaires étrangères Pierre Laval (2)

Les chiffres habituellement retenus concernant la carrière ministérielle d'Aristide Briand sont : 11 fois président du Conseil et 23 fois ministre.

Sans tenir compte des cabinets éphémères tels que le gouvernement Alexandre Ribot (4) (9-12 juin 1914), le gouvernement Frédéric François-Marsal (8-10 juin 1924) et le gouvernement Édouard Herriot (2) (19-21 juillet 1926), dont nous ignorons la composition, le nombre de postes ministériels (en dehors de la présidence du Conseil) atteint les 26. On peut supposer que les auteurs de décompte ont considéré les cabinets Laval terminant la présidence Doumergue et commençant la présidence Doumer comme un seul gouvernement, mais il reste des différences…

Hommages[modifier | modifier le code]

Statue due à Jacques Raoult, place Aristide-Briand (Nantes).

À Nantes, sa ville natale, son nom a été donné :

  • en 1932 à la place La Fayette, où se trouve l'ancien palais de justice et où, depuis 2005, une statue le représentant réalisée par Jacques Raoult y a été installée ;
  • En 1932 un monument dit Pierre du souvenir fut érigé à la mémoire d'Aristide Briand à Trébeurden dans les Côtes d'Armor.
  • en 1937, à ce qui était alors l'école primaire supérieure de jeunes filles, située place de la République dans l'île de Nantes, devenue ensuite CES, puis lycée de jeunes filles, actuellement collège mixte (souvent désigné, jusque dans les années 1970, comme « La République ») ;
  • en 1966, à un pont sur la Loire, élément de la « deuxième ligne de ponts » (l'autre pont portant le nom de Georges-Clemenceau) ;
  • une plaque signale l'emplacement de sa maison natale à l'emplacement de l'hôtel des Postes, place Bretagne et qui fut détruite pendant la Seconde Guerre mondiale.
Autres statues et monuments
Odonymie
Autres hommages

En mars 2008, une vente aux enchères d'archives et d'objets ayant appartenu à Aristide Briand a eu lieu à Nantes ; l'intervention des Villes de Nantes et Saint-Nazaire et de l'État a permis d'éviter une totale dispersion du fonds[29].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • La grève générale et la révolution, Le Havre, édition à bon marché, 1899.
  • La Séparation, Paris, édition Fasquelle, 2 volumes, 1908-1911. (1908 : Digitalisat (archive.org))
  • La séparation des Églises et de l'État : rapport fait au nom de la Commission de la Chambre des Députés. (1905) Digitalisat)

Les papiers personnels d'Aristide Briand sont conservés aux Archives nationales sous la cote 598AP[30].

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Aristide Briand est joué par Rolf Kanies dans la série Babylon Berlin.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La mention antérieure du « communisme » ne paraît pas appropriée : le communisme (URSS) est antérieur au briandisme, et durant les années 1930, il s'oriente dans une voie plutôt favorable à la sécurité collective, celle des Fronts populaires.
  2. Le café sera ensuite transformé en épicerie ; les bâtiments ont été détruits pendant la guerre. Plaque commémorative sur le mur de la Poste de la place Bretagne.
  3. Ce procès fit l'objet d'un épisode des Procès témoins de leur temps diffusé en 1978 par Antenne 2.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance d'Aristide Pierre Henri Briand : Registre du 1er canton de Nantes, no 134 (vue 24) Archives municipales de Nantes.
  2. Site officiel du lycée Clemenceau (ex-lycée de Nantes).
  3. Encyclopédie de la Troisième République : Aristide Briand.
  4. Aristide Briand, par Georges Suarez ; relevé chez Fernand Guériff, Historique de Saint-Nazaire tome II.
  5. Joseph Savès, « Aristide Briand (1862 - 1932) - L'apôtre de la paix », Hérodote, , lire en ligne.
  6. Célia Bertin, Marie Bonaparte, Paris, Plon, 1993, 433 pages.
  7. Maiwenn Raynaudon-Kerzhero, « Aristide Briand, un Breton prix Nobel de la paix », Bretons, no 126,‎ , p. 52-53 (ISSN 1775-8246, lire en ligne)
  8. Erwan Le Gall, « Mort d’un prix Nobel : Aristide Briand », En Envor,‎ (lire en ligne)
  9. « M. Aristide Briand », L'Ouest-Éclair, no 12906,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  10. Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Presses universitaires de France, 1960, p. 2583.
  11. Aristide Briand, « Rapport parlementaire », sur http://www.assemblee-nationale.fr, (consulté le 12 novembre 2020)
  12. « La grève des cheminots : déclarations de M. Briand », L'Express du Midi,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le 17 septembre 2019).
  13. Thomas Deltombe, « Il y a cent ans, un « Dreyfus ouvrier » », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  14. Histoire de la locomotion terrestre, t. I, « Les chemins de fer », L'Illustration, Paris, 1935, p. 174.
  15. Michel Winock, Clemenceau, éd. Perrin, 2007, p. 494-496.
  16. « Site du College de France sur les liens étroits entre Berthelot et Briand ».
  17. Section d’information et de coopération intellectuelle du Secrétariat de la Société des Nations, La Société des Nations, ses fins, ses moyens, son œuvre, Secrétariat de la Société des Nations, 1935, p. 104.
  18. « Aristide Briand. L'autre père de la Victoire », sur Le Télégramme,
  19. « Briand, Aristide (1862-1932) », sur Le Point,
  20. Philippe de Villiers, Les Cloches sonneront elles encore demain ?, Paris, Albin-Michel, (ISBN 9782226393784), « Bien sûr, il y a aussi les Briand du moment qui, comme celui qu'on appelait le « violoncelle, déclarent « la guerre hors-la-loi ». Avec le succès que l'on sait. »
  21. Serge Berstein, Histoire du Parti radical, vol. 1 : La recherche de l'âge d'or, 1919-1926, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , 711 p. (ISBN 2-7246-0437-7, présentation en ligne), chap. 7 (« L'échec de l'expérience Herriot (1924-1926) »).
  22. René Leboutte, Histoire économique et sociale de la construction européenne, Bruxelles, Peter Lang, , 711 p., poche (ISBN 978-90-5201-371-8, notice BnF no FRBNF41271618), p. 33.
  23. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris T. 1, p. 698.
  24. L’Humanité, , (N2401), p. 3.
  25. Carte postale ancienne sur le site Communes.com.
  26. « Bd Aristide Briand », sur Google Maps (consulté le 18 février 2021)
  27. « Google Maps », sur Google Maps (consulté le 16 septembre 2016).
  28. Voir le timbre.
  29. « À Nantes, les nostalgiques d’Aristide Briand sauvent les meubles », 20 minutes, .
  30. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Biographies[modifier | modifier le code]

Aristide Briand, l'Europe et la Société des Nations[modifier | modifier le code]

  • Christophe Bellon, Briand : l'Européen, Paris, la Documentation française / Assemblée nationale, coll. « Tribuns », , 117 p. (ISBN 978-2-11-007632-8, notice BnF no FRBNF42104603, présentation en ligne).
  • Christophe Bellon, « Aristide Briand et l’Europe au Parlement des Années folles : quand la délibération prend le pas sur la diplomatie (1919-1932) », Parlement(s) : revue d'histoire politique, no HS 3 « Penser et construire l'Europe »,‎ , p. 41-53 (lire en ligne).
  • Achille Elisha, Aristide Briand, la paix mondiale et l'union européenne, éditions Ivoire-Clair, 2003, 396 p.
  • Antoine Fleury et Lubor Jilek (dir.), Le Plan Briand d'Union fédérale européenne : perspectives nationales et transnationales, Berne, Peter Lang, 1998.
  • Jacques Bariéty (dir.) (préf. Jean-Robert Pitte), Aristide Briand, la Société des nations et l'Europe, 1919-1932 : [actes du colloque international tenu à Paris, Université Paris-Sorbonne et Fondation Simone et Cino del Duca, 13-15 octobre 2005] / [organisé par l'] Association internationale d'histoire contemporaine de l'Europe, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, , 542 p. (ISBN 978-2-86820-307-6, notice BnF no FRBNF41064942, présentation en ligne).
  • (en) Robert H. Ferrell, Peace in their time. The origins of the Kellogg-Briand pact, New Haven, Yale University Press, 1952.
  • Serge Malfois, L'Europe inachevée d'Aristide Briand, Saint Julien Molin Molette, Jean-Pierre Huguet éditeur, 1997.
  • Élisabeth du Réau, « La France et l'Europe d'Aristide Briand à Robert Naissance, déclin et redéploiement d'une politique étrangère (1929-1950) », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 42, no 4 « Relations internationales ; XXe siècle »,‎ , p. 556-567 (lire en ligne).
  • (de) Wolfgang Ruge, « Stresemann und Briand. Zu den deutsch-französischen Beziehungen in den zwanziger Jahren des 20. Jahrhunderts », Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, XVIII-2, 1970, p. 178-184.

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

  • Véronique Bédin, « Briand et la séparation des Églises et l'État : la commission des Trente-trois », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXIV,‎ , p. 364-390 (lire en ligne).
  • Christophe Bellon, « Aristide Briand et la séparation des Églises et de l'État : du travail en commission au vote de la loi (1903-1905) », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, Paris, Presses de Sciences Po, no 87 « Laïcité, Séparation, sécularisation (1905-2005) »,‎ , p. 57-72 (lire en ligne).
  • Christophe Bellon (préf. Serge Berstein, postface Jean Baubérot), La République apaisée : Aristide Briand et les leçons politiques de la laïcité, 1902-1919, 1. Comprendre et agir ; 2. Gouverner et choisir, Paris, Éditions du Cerf, , 380+474 p. (ISBN 978-2-204-10992-5 et 978-2-204-10993-2).
  • Christophe Bellon, Le Rapport Briand, Paris, Assemblée nationale, 2005.
  • Marie-Geneviève Dezès, « Participation et démocratie sociale : l'expérience Briand de 1909 », Le Mouvement social, Paris, Éditions ouvrières, no 87,‎ , p. 109-136 (lire en ligne).
  • (de) Daniel Müller-Hofstede, Aristide Briand und der französische Sozialismus: Die Frühzeit des Politikers 1883-1906, Berlin-Münster, Lit, 1996.

Carrière locale[modifier | modifier le code]

  • Michel Dealberti, La Situation politique dans l'agglomération stéphanoise en 1902 et la candidature d'Aristide Briand, 2005, 216 p.

Témoignages[modifier | modifier le code]

  • André Beauguitte, Le Chemin de Cocherel, éditions Alphonse Lemerre, 1960, 266 p.
  • Raymond Escholier, Souvenirs parlés de Briand, Paris, Hachette, 1932.
  • Jules Laroche, Au Quai d'Orsay avec Briand et Poincaré, Paris, Flammarion, 1957.
  • Louise Weiss, Combats pour l'Europe. 1919-1934, Paris, Payot, 1968.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]